lundi 22 août 2011


RAPPORT DU SONDAGE


« OPINION JEUNESSE - LA RELÈVE EN RÉGION »

AOÛT 2011

UNITÉ SPÉCIALE D’INTERVENTION (USI)

DE LA RÉSERVE MONDIALE DE LA BIOSPHÈRE MANICOUAGAN-UAPISHKA (RMBMU)


PRÉSENTATION DE L’UNITÉ SPÉCIALE D’INTERVENTION

L’Unité spéciale d’intervention (USI) de la Réserve mondiale de la biosphère Manicouagan-Uapishka (RMBMU) a sensibilisé la population et les organisations à l’engagement de la région envers le développement durable (DD) pour une deuxième année consécutive via son mandat estival de 2011.

Le développement durable se concrétise à l’intérieur d’une multitude de facettes, s’intégrant aux sphères économique, sociale et environnementale. Faire du DD, c’est large, allant d’offrir un coup de main à son voisin jusqu’à appliquer une gouvernance transversale au sein de son organisation! En fait, le développement durable est bien plus une façon de faire qu’un résultat final.

Le rapport Bruntland (1987) le décrit en toute simplicité, il s’agit d’« un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. » Considérant que l’avenir de la région passe par la relève et que le développement durable a comme point d’ancrage les générations futures, l’Unité spéciale d’intervention (USI) a décidé d’axer sa campagne 2011 sur la relève.

Diverses actions de promotion ont sensibilisé la population au fait que les jeunes sont au cœur de la Manicouagan (Pessamit à Baie-Trinité), étant des acteurs de premier ordre. Nos publics cibles ont donc été les jeunes et les organisations. Deux dépliants de sensibilisation, le premier pour les jeunes, présentait les ressources présentes dans Manicouagan quant aux études, à l’emploi, aux activités et aux services offerts dans la région tandis que le second, pour les organisations, présentait les ressources disponibles pour l’embauche de jeunes et un descriptif des besoins et intérêts des jeunes afin que ces derniers s’adaptent aux critères de la relève.

INITIATIVES AUPRÈS DES JEUNES

L’USI a conscientisé les jeunes quant à leur propre importance pour la Manicouagan en tentant de leur faire comprendre que la région a besoin d’eux et qu’ils ont raison d’être fiers de leur région. Cette sensibilisation a été faite à travers la présence de l’équipe de l’USI aux événements majeurs de la région (St-Jean-Baptiste, Coupe du Monde de Paracyclisme, Symposium de peinture de Baie-Comeau, etc.) ainsi qu’à travers des conférences présentées à des organismes dont la mission est vouée à la jeunesse ou qui emploient des jeunes pour la saison estivale (Forum Jeunesse, Carrefour Jeunesse Emploi, équipes de travail des camps de jour de 5 des 8 municipalités du territoire, Hydro-Québec, Conseil des jeunes de Pessamit, Secondaire en spectacle, etc.). Lors des événements et des conférences, un questionnaire a été distribué à la relève manicoise dans l’objectif de déceler leurs priorités, tant au niveau de leur mode de vie que de leur emploi. Les résultats de ce sondage sont présentés dans ce document.

L’USI a également organisé des activités auprès des jeunes des camps de jour pour les sensibiliser aux emplois disponibles dans la région. Près de 300 jeunes de 9 à 12 ans ont été sensibilisés aux possibilités d’emploi en leur faisant créer une bande dessinée où ils étaient le personnage principal; personnage qui appliquait le développement durable à l’intérieur de son emploi de rêve sur la Côte-Nord.

INITIATIVES AUPRÈS DES ORGANISATIONS

Au niveau des organisations, l’USI a visité les conseils d’administration (CA) et les équipes de travail pour, d’une part, leur présenter les ressources disponibles dans la région vouées à la relève et, d’autre part, leur faire participer à un jeu de rôles concocté par l’USI pour les sensibiliser à l’intégration de la relève. Qui dit relève, dit jeunes, stagiaires, nouveaux arrivants, handicapés, femmes dans des métiers à majorité masculine, seniors, retraités, Premières Nations… bref, nous tous. Dans son mandat 2011, l’USI s’attarde non seulement aux jeunes, mais à la relève de façon plus globale. Lors de la visite de l’USI pour le jeu de rôles, les résultats du sondage ont également été présentés dans les CA et les équipes de travail.

Finalement, les résultats du présent sondage ont été publicisés dans le journal régional Le Manic ainsi que dans toutes les organisations se penchant sur l’emploi et la relève afin de renforcer les partenariats et la solidarité quant à la problématique régionale actuelle qu’est la pénurie de main-d’oeuvre.

PÉNURIE DE MAIN-D’OEUVRE

Le déficit démographique qui sévit actuellement au Québec inquiète le secteur économique, touchant directement le marché de l’emploi, où la pénurie de main-d’œuvre qualifiée se généralise (Simard, 2007). Le vieillissement de la population et la baisse du taux de natalité sont deux causes qui pèsent lourdement dans la balance québécoise. Sur le marché de l’emploi, le bassin de candidats rétrécit, entraînant de lourdes conséquences dans les entreprises : les délais pour combler les postes s'allongent et les mouvements à l’interne sont de plus en plus fréquents.

Cette réalité est encore plus frappante sur la Côte-Nord. Les récentes statistiques d’Emploi Québec (2011) affirment que près de 10 000 postes seront disponibles sur la Côte-Nord d’ici 2014 et ce, dû au départ massif à la retraite et au boom économique de la région. La majorité de ces postes nécessitera une main-d’œuvre qualifiée; rare et en demande aux quatre coins de la province. Or, « une grande partie des emplois disponibles d’ici 2014 seront occupés par des jeunes de moins de 25 ans qui ne sont pas encore actifs sur le marché du travail» (Emploi Québec, 2011).

RÉSULTATS DU SONDAGE

BUT

En lien avec la pénurie de main-d’œuvre nord-côtière, l’Unité spéciale d’intervention (USI) s’est penchée sur les motivations qui incitaient la relève à choisir une région et un emploi plus qu’un autre. Mais pourquoi donner tant d’importance à la relève? Parce qu’une région sans relève est se fane! Sans employé, aucune entreprise n’est viable et une chute des services s’ensuit inévitablement. Qui sera l’infirmière, l’emballeur à l’épicerie du coin ou votre comptable si la région se vide de sa relève? La relève, se sont à la fois les futurs employés, fournisseurs et clients; tout comme les futurs bénévoles et citoyens d’une région.

MÉTHODE

Jugeant important d’analyser le phénomène de migration à partir du discours des jeunes eux-mêmes, l’équipe de l’Unité spéciale d’intervention (USI) de la Réserve mondiale de la biosphère Manicouagan-Uapishka (RMBMU) a élaboré un sondage, intitulé OPINION JEUNESSE-LA RELÈVE EN RÉGION, pour connaître les priorités de ces derniers, tant au niveau de leur emploi et que de leurs choix de vie. Est-ce le salaire, être près de sa famille ou la possibilité de participer à la vie communautaire qui fait en sorte qu’un jeune choisira une région plus qu’une autre?

Le sondage a été distribué sur le territoire de la RMBMU (entre Pessamit et Baie-Trinité) entre les mois de mai et juillet 2011. Il pouvait également être rempli en ligne via un hyperlien promus sur le blogue et le groupe Facebook de l’USI. 317 personnes ont répondu au sondage.

QUELQUES FAITS SAILLANTS

Les résultats du sondage ont offert des statistiques fournissant des éclairages variés sur le phénomène de la migration des jeunes dans la Manicouagan. Ces résultats analysés permettent de mieux cerner les besoins et intérêts de la relève. En connaissant ces besoins, les organisations manicoises pourront adapter leurs techniques d’embauche et leurs politiques des ressources humaines en lien avec les intérêts de la main-d’œuvre.

1. Les caractéristiques des répondants

· Origine : 59% des répondants sont originaires de la Côte Nord (non migrants).

· Migration :

- 57% des répondants originaires de la Côte-Nord comptent définitivement y rester alors que 30% d’entre eux ne le savent pas;

- Pour les répondants qui ne sont pas originaires de la Côte-Nord (41% de la totalité des répondants), 19% d’entre eux comptent définitivement s’établir sur la Côte-Nord alors que 19% d’entre eux ne le savent pas.

· Sexe : 71% des répondants sont des femmes;

· Âge des répondants:

- 9% des répondants sont âgés entre 10 et 14 ans;

- 48% des répondants ont entre 15 et 18 ans;

- 29% des répondants ont entre 18 et 24 ans;

- 8% des répondants ont entre 25 et 30 ans;

- 7% des répondants ont entre 31 et 40 ans;

- 3% des répondants ont 41 ans et plus.

Plus l’âge des répondants augmente, plus leur intérêt à s’établir de façon permanente sur la Côte-Nord augmente. Une des raisons pouvant expliquer ce résultat est l’offre de programmes d’études supérieures très faible dans la région (aucune université et peu de diversité en ce qui à trait aux programmes collégiaux). En effet, selon nous, les jeunes tendraient à quitter la région afin de poursuivre des études supérieures.

· Scolarité des répondants :

- 28% des répondants ne possèdent aucun diplôme;

- 34% possèdent un diplôme d’études secondaires;

- 22% possèdent un diplôme d’études collégiales;

- 17% possèdent ont un diplôme universitaire.

La répartition du niveau de scolarité des répondants pourrait s’expliquer par le fait que la majorité de nos répondants (48%) sont âgés entre 15 et 18 ans. Autre fait notoire en lien avec la scolarisation : plus le niveau d’études des répondants est bas, plus la tendance à quitter la région augmente.

2. Pourquoi rester?

À la question « parmi ces options, lesquelles vous inciteraient à vous établir dans une région plus qu’une autre », 73% des répondants ont coché « décrocher un emploi qui correspond exactement à mes critères de sélection ». Bref, l’emploi est une priorité quant à la sélection d’une région. Le second critère s’y rapporte également, à savoir « habiter près du travail et éviter les bouchons de circulation » (56%). Le troisième critère en importance est l’accès à une diversité d’activités (55%) et aux services sociaux de proximité (53%). D’autres options, telles qu’avoir accès à une université (26%) et participer à la vie citoyenne (17%) ont paru beaucoup moins prioritaires que les premières.

Différence notoire des résultats à cette question selon l’origine des répondants sur un aspect : la famille. En effet, pour les répondants originaires de la Côte-Nord, vivre à proximité de sa famille est une priorité pour 57% d’entre eux alors qu’elle l’est seulement pour 33% des répondants originaires d’une autre région.

3. Un emploi d’avenir

À la question « Qu’est-ce qu’un emploi d’avenir? », 65% des répondants ont coché « un emploi qui stimule mes connaissances et permet de m’accomplir » et 31% ont coché « un emploi centré sur mes valeurs personnelles ». La rémunération (12%), un domaine où la main-d’œuvre est importante (11%) et un emploi peu demandant (10%) ne sont pas, pour la grande majorité, des critères prioritaires dans la définition d’un emploi d’avenir.

Ces taux sont similaires pour les hommes et les femmes mis à part le fait que les femmes accordent plus d’importance à un emploi qui stimule leurs connaissances et leur permet de s’accomplir (76% contre 58%). Toutefois, les opinions concernant un emploi d’avenir varient selon l’âge et le niveau de scolarité atteint. Pour les diplômés universitaires et collégiaux, 85% d’entre eux affirment qu’un emploi d’avenir est un emploi qui stimule leurs connaissances et qui leur permet de s’accomplir, contre 52% pour les non diplômés et les gens ayant obtenus un diplôme d’études secondaires.

4. Les jeunes et l’emploi

À la définition d’un emploi d’avenir, seulement 12% des répondants ont coché la rémunération. Or, à la question « De quelles façons une entreprise pourrait se démarquer pour vous attirer », 69% ont répondu en offrant des avantages sociaux intéressants, 46% en offrant des conditions salariales intéressantes et 44% en offrant un horaire flexible. S’impliquer dans la prise de décision de l’entreprise et avoir accès à un programme de formation continue n’est pas une priorité pour les plus jeunes (15-18 ans) et les gens moins diplômés, mais l’est pour ceux sont plus âgés et/ou plus diplômés (collégial et universitaire).

Bref, quoique les revenus ne soient pas considérés dans la définition d’un emploi d’avenir des répondants, le salaire et les avantages sociaux offerts aux candidats permettront inévitablement aux organisations de se démarquer à travers la pénurie de main-d’œuvre.

5. Pallier à la pénurie de main d’œuvre

Selon les répondants, les meilleures façons de faire face à la pénurie de main-d’œuvre sont, en ordre d’importance, d’attirer les jeunes (75%), de rendre la région plus dynamique (65%), d’augmenter la promotion de la région et la diffusion des emplois (43%), d’attirer des nouveaux arrivants issus de l’immigration (38%) et de mieux intégrer les Premières Nations au marché du travail (26%).

CONCLUSION

Les résultats du présent sondage confirment que les jeunes de la région ont des opinions similaires que les autres jeunes du Québec (Observatoire Jeunes et société de l’INRS, 2004). La présente démarche nous a offert des résultats locaux, nous permettant de faire une analyse adaptée à la Manicouagan.

Par contre, l’USI ne prétend pas avoir fait un sondage exhaustif et scientifique. Premièrement, différents biais étaient présents, dont l’âge, l’origine et le sexe des membres de l’équipe de l’USI (deux femmes âgés de 27 ans, originaires respectivement de Montréal et de la Tunisie). Aussi, ces sondages ont été remplies à des endroits bien précis et ce, après avoir discuté avec les répondants du mandat de l’USI et de la RMBMU, laissant croire que ces discussions ont pu orienter l’opinion des répondants.

Il serait intéressant d’avoir un bassin de répondants plus diversifiés pour savoir si les gens plus âgés, notamment, offriraient les mêmes résultats que les répondants actuels; près de 50% des répondants étant âgés de 15 à 18 ans. Il serait également pertinent de distribuer ce sondage dans une autre région du Québec pour savoir si les résultats seraient similaires et ainsi offrir un comparatif. Par exemple, 38% des répondants ont coché qu’attirer des nouveaux arrivants issus de l’immigration est une solution pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre. Est-ce beaucoup, est-ce peu, bref, les Nord-Côtiers sont-ils ouverts par rapport au reste des Québécois? Une analyse comparative éclairerait cette situation. Il serait également intéressant d’approfondir les résultats de ce sondage par un second pour connaître ce qui incitent les jeunes (14-18 ans) à quitter la région ; le faisant en proportion plus grande que les répondants plus âgés. Est-ce parce qu’ils n’aiment pas la région, est-ce parce qu’il n’y a pas d’emploi qui les intéressent, est-ce pour les études, etc. Le fait d’avoir restreint notre questionnaire à une page recto-verso a limité nos possibilités de questions et de choix de réponse.

Bref, ce sondage offre des informations utiles pour la région. Il a été créé par l’USI dans l’optique de travailler avec les autres organisations de la région, en promouvant les intérêts et besoins des jeunes. S’unir régionalement pour répondre aux besoins des jeunes et réussir à les séduire est un projet essentiel dans Manicouagan parce que sans relève, une région se fane et les initiatives de développement durable deviennent inévitablement vides de sens.

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